La lutte le plus redoutable—avec toi-même !
- Écrit par David Porter
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David Porter*
Parfois les batailles les plus grandes que nous livrons ne sont pas avec le diable mais avec nous-mêmes.
Dieu m’avait parlé ainsi qu’à mon épouse depuis un certain temps en ce qui concernait la mission mais nous ne savions pas si Dieu voulait seulement que notre église soit plus engagée ou s’Il voulait que nous, nous partions en mission.
(J’espérais que ce serait le premier !)
En juin, 1979 nous étions dans une réunion et Dieu nous a parlé d’une manière convaincante ; Il voulait que nous quittions notre pays pour Le servir ailleurs.
Nous étions secoués jusqu’au fond de nous-mêmes.
Plus tard, pourtant, je n’ai pu que dire « Oui ! » au Seigneur dans une réunion émouvante et continuer de dire « Oui ! » dans la froide lumière du jour quand vous n’avez aucun sentiment n’est pas exactement la même chose.
(« Oui, Seigneur ??? »)
Plusieurs mois après notre expérience dans cette réunion, j’étais dans mon bureau en train de me soucier du comment tout cela allait se dérouler en pratique. La mission nous avait donné son approbation pour le service au Luxembourg mais nous n’avions pas encore quitté l’église où nous étions pasteurs.
Vous ne pouvez imaginer des gens moins qualifiés que nous. Nous n’avions jamais quitté notre pays et la plus grande part de notre expérience a été dans des petites villes et villages à la culture semblable à la nôtre.
Mes enfants Seigeur?
Nous avions trois enfants qui avaient moins de huit ans. Assis, derrière mon bureau je me suis posé les questions : « Et nos enfants ? Que feront-ils pour l’école ? Dieu, tu nous as appelés, mais nos enfants sont obligés d’aller avec nous. »
(Plus tard, j’ai enfin compris que si Dieu nous a appelés, mon épouse et moi, Il savait probablement qui étaient nos enfants, et eux aussi étaient dans son plan.)
Je commençais à paniquer en imaginant l’énormité des changements qui nous attendaient. Nous avons une image idéalisée du service dans un autre pays qui ne cadre pas forcement avec les luttes de la vie de tous les jours.
Le seul endroit où j’ai su aller en de tels moments-là est à genoux et j’ai répandu mon cœur devant le Seigneur. Soudain, Il fut là, tout comme la nuit où j’avais senti son appel tellement fort dans ma vie. De telles expériences sont rares (et précieuses) pour moi.
C’était comme si Dieu m’avait montré Jacob juste avant sa mort. Son fils Joseph est venu le voir et il demanda que le patriarche bénisse ses deux fils Ephraïm et Manassé.
Jacob leur imposa les mains pour les bénir mais il alla au-delà d’une simple bénédiction. « Et maintenant, j'adopte pour miens les deux fils qui te sont nés en Egypte, avant mon arrivée ici. Ephraïm et Manassé seront mes fils au même titre que Ruben et Siméon » il dit en effet.
Le vieux Jacob adopta ses petits-fils et ils eurent un héritage dans le pays de la promesse tout comme les autres fils de Jacob.
Et là, dans mon bureau, Dieu parla à mon cœur de la même manière : « J’ai pris tes enfants. Ils sont à moi ! »
Trente-six ans plus tard j’atteste que le Seigneur a pourvu parfaitement pour « ses enfants. »
Le Luxembourg nous a placés dans une situation un peu compliquée à cause des trois langues (et aucune n’était l’anglais), mais Dieu a pourvu d’une façon inattendue à l’éducation des enfants et ils ont eu une très bonne éducation.
Maintes fois nous avons appelé « au secours ! » pour nos enfants en Lui rappelant sa promesse.
Et il a été fidèle. Tous les trois sont adultes, mariés, en train de servir le Seigneur. Et ils ont des petits enfants tellement beaux, intelligents, au-dessus de la moyenne dans tous les domaines !
Nous lui rappelons toujours sa promesse. Je crois que cela Lui fait plaisir quand nous faisons appel à ses promesses.
Un appel missionaire devient un coeur missionaire
Pourtant, je trouve qu’un bon commencement dans l’obéissance ne suffit pas. Si Dieu vous appelle, il veut que vous restiez fidèles jusqu’à ce qu’il vous dise de faire autre chose. Cette vérité a provoqué une autre lutte en moi.
Les quatre premières années en Europe furent assez difficiles pour moi. Il fallait que toute la famille apprenne le français, commence à comprendre la culture Luxembourgeoise, et à travailler avec les autres pour établir ce qui était, à ce moment-là, la seule œuvre du plein évangile avec comme vocation de toucher les Luxembourgeois en premier lieu. (Il y avait des églises qui s’exprimaient en portugais et en italien mais les Luxembourgeois eux-mêmes ne parlent pas ces langues en règle générale).
A la fin des quatre années j’étais fatigué physiquement et spirituellement. Je suis rentré aux USA pour une période de visites aux églises qui nous soutenaient.
Dans mon esprit, j’étais plus ou moins décidé à rentrer au Luxembourg pour encore quatre années parce que je croyais que je devais cela au Seigneur et aux gens qui nous soutenaient.
Mais, je pensais rentrer ensuite définitivement au pays. Notre fils ainé partirait en fac à ce moment-là et son frère et sa sœur n’étaient pas loin derrière lui. Je ne pouvais pas m’imaginer en Europe pendant que nos enfants habitaient les USA.
Je n’ai pas consulté le Seigneur pour formuler mes plans et honnêtement je ne voulais pas trop son avis.
Juste avant de repartir pour le Luxembourg en 1986 nous avons assisté à des réunions pour des missionnaires. Le jeudi soir, j’étais assis au balcon, fatigué et prêt à rentrer chez moi.
J’écoutais le pasteur W. Benson prêcher. A un moment donné son message commença à toucher mon âme. Le Saint-Esprit m’a montré des mauvaises attitudes que j’avais laissé s’installer en moi. Vis-à-vis des autres mon état d’esprit était mauvais, je manquais de foi en Dieu et de confiance en moi-même.
Guérison et force
A la fin de la réunion mon épouse et moi, nous étions parmi les premiers des centaines de missionnaires qui se sont approchés devant l’estrade pour la prière.
Des responsables ont prié pour nous, mais le Seigneur a parlé à la femme d’un des responsables que nous connaissons en lui disant de prier pour nous. Katy a eu du mal à nous atteindre parce qu’il y avait tant du monde mais elle était décidée à obéir.
Quand elle a mis une main sur mon épaule, le ciel s’est ouvert pour moi. Il était là. Je trouve que Dieu n’est pas trop bavard et la question qui se grava en mon âme fut celle-ci : « David, seras-tu obéissant ? Resteras-tu là où je t’avais envoyé ? »
J’ai répondu avec larmes : « Seigneur, je ne peux pas. Je n’ai pas la force. Mais … si tu me donnes la force je resterais aussi longtemps que tu le demandes. A la minute où ta force me quittera je partirai ! »
Je vous dis que je cours dans la force que le Seigneur m’a donnée ce soir-là depuis 29 ans maintenant et sa force semble aussi efficace que la nuit où il me l’a donnée.
Une des batailles les plus féroces à laquelle un Chrétien doit faire face est la bataille avec lui-même. Dieu nous aide à gagner cette lutte et nous trouvons que sa provision est toujours plus que suffisante.
*David et Phyllis Porter sont américains qui travaillent en Europe depuis 1981, d’abord au Luxembourg et maintenant en France.
Photo:
Flickr, Creative commons, Môsieur J. Sumo