La vie politique est-elle 'du diable' ?
- Écrit par David Porter
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La politique—ange ou diable ?
La politique—comme c’est intéressant ! Mais est-ce une sphère qui convient aux Chrétiens ?
Ah, que nous aimons la politique ! Sarko versus Holland aiguisa notre appétit, mais nous sommes insatiables, voilà pourquoi la compétition d’Hillary contre le monde fait parfois la une du Figaro et du Monde.
Et en Italie, ah, Berlusconi où êtes-vous !
Ce qui a changé depuis quelques années c’est qu’à présent, les Chrétiens évangéliques commencent à peser, ou au moins à tenter de peser, dans les élections.
En France, Christine Boutin représente des valeurs conservatrices du point de vue catholique depuis des années.
Et le Parti Républicain Chrétien naquit dans ce contexte sans beaucoup de fanfare de la presse nationale, mais avec un certain intérêt parmi les Chrétiens évangéliques.
Son président et fondateur, Patrick Giovannoni, explique la raison d’être de son parti : «... si (la politique) s'agit de mettre en oeuvre la gestion de sa cité et de sa nation, dans ce cas, non seulement les chrétiens peuvent y participer, mais ils le doivent ! » (http://www.prc-france.org/)
Leur but ? « ... engager les chrétiens à faire de la politique » selon Giovannoni.
Mais attention. Il n’y a pas longtemps, nous, les Chrétiens évangéliques, nous restions loin de tout cela. L’expérience de l’histoire en Europe nous donnait des frissons parce que lorsqu’une Eglise domine politiquement elle en profite, pas forcément pour parler prophétiquement dans la société, mais pour récolter des richesses et influencer ses leaders, puis étouffer toute la « compétition », pour devenir le Microsoft du monde religieux en quelque sorte.
En France, il y a 50 ans de cela les évangéliques étaient très peu nombreux et semblaient vouloir rester éloignés des batailles de politiciens. Cette attitude trouvait son écho dans la plupart des églises évangéliques dans le monde.
Mais certains problèmes sociaux, surtout l’avortement et dernièrement le mariage homosexuel, ont attiré beaucoup d’évangéliques dans un engagement politique. Et parce que les évangéliques deviennent de plus en plus nombreux dans le monde, les politiciens commencent à y prêter attention.
En France, les évangéliques ont connu une croissance fulgurante, passant d’environ 50,000 fidèles en 1950 à (probablement) 500,000 en 2008.
Les médias y font attention parce que les chrétiens évangéliques ont plus de poids maintenant dans le pays de Voltaire et si les tendances continuent ainsi, il y en aura encore plus dans l’avenir.
Alors faut-il valoriser notre nouvelle influence ? La politique sera-t-elle le courant par lequel nous changerons beaucoup de choses pour le bien ?
Oui ... et ... non ! (Un politicien ne peut pas formuler de meilleure réponse que celle-là, n’est-ce pas ?)
Les pour et les contre à un engagement politique
Il y en a qui affirment, dur comme du béton, qu’un Chrétien a la responsabilité de faire la différence dans la société et, pour eux, la politique est un des meilleurs moyens. D’autres crient farouchement le contraire.
*Terry H. exprime la situation ainsi : « Il y a un danger : nous pouvons devenir tellement actifs politiquement que nous ne sommes plus actifs spirituellement ... L’autre danger est de nous désengager complètement ! Quand cela arrive, la seule voix que nous avons est celle de la critique ou la crise !
« L’histoire révélera que la société est la plus forte quand l’Eglise remplit sa mission. Nous devons diriger du devant ! »
L’ancien président de la Macédoine, Boris Trajkovski, très apprécié par ses collègues en Europe, était un pasteur Méthodiste.
Il n’avait pas caché sa foi dans un pays où l’Eglise Orthodoxe prédomine. Il a joué le rôle d’arbitre auprès des rebelles Albanais dans son pays quand la guerre risquait d’éclater en Macédoine comme elle l’a fait au Kosovo.
Lors d’un discours d’acceptation d’un prix de paix de la part de l’Eglise Méthodiste, il dit : « "Chaque nation lutte pour la paix. Mais la seule paix qui dure pour toujours, on la trouve dans une relation véritable et durable avec Jésus Christ. »
Oui, on a besoin de leaders Chrétiens qui agiront par souci d’obéissance à la vérité de la Parole de Dieu au lieu de poursuivre la quête de la célébrité humaine et de l’argent.
Pourquoi laisser le champ libre à ceux qui n’aiment pas Jésus et qui ont d’autres valeurs ? Nous pouvons faire beaucoup de bien en aidant les pauvres et ceux qui n’ont pas de voix.
Et en tant que Chrétien, il est important que nous exercions notre droit de vote. Admettons-le. Nous sommes souvent des champions du monde pour nous plaindre de ce que le gouvernement fait ou de ce qu’il ne fait pas.
Mais comment oser se plaindre si on n’a rien fait pour choisir ?
Le témoignage de Djora montre le bénéfice d’engagement : « Je suis engagée comme vice-présidente d'un comité de quartier sur (notre ville), un quartier difficile où des bandes de jeunes de 8 à 15 ans, des dealers, empêchaient la tranquillité. Le Seigneur m'a donné pendant deux ans de mener des actions qui ont permis au quartier de retrouver une certaine tranquillité.
« Suite à cela le maire m'a contactée pour me demander si je voulais bien faire partie de ses 27 conseillers municipaux, car il a apprécié mes valeurs et ma façon de faire au niveau de mon quartier. Aujourd'hui nous avons été élus. Le maire m'a nommée conseillère déléguée à la proximité et aux relations dans les quartiers. Donc, pour moi un chrétien doit être un témoin vivant de la parole de Dieu dans le monde. Il ne doit pas être en dehors du monde. »
Prions et demandons au Seigneur quelle est la personne qu’il choisira pour quelle place. Puis prions pour nos leaders politiques.
«J'exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tim. 2 :1-4)
Mais ...
Le revers de la médaille
Il faut faire attention. Il y a des pièges qui sont difficiles à éviter.
La politique se joue souvent selon des règles spéciales. Une fois élu il y a toutes sortes de tentations à la compromission. L’Anglais, Lord Acton, croyait que : « le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. »
*Annie a accompli un mandat de sept ans dans sa commune en France et elle est à présent amère par rapport à cette expérience. « Dans le monde politique, il n'y a pas de place pour le chrétien qui s'engage ... parce que c'est un univers où la plupart des personnes qui s'engagent, pour ne pas dire toutes, le font pour des intérêts personnels...
La politique est tellement attirante, qu’il est difficile pour le Chrétien de s’y investir pleinement sans oublier la vocation primaire qui l’y a mené. Nous ne changeons pas le monde par nos votes ou même nos programmes sociaux. Nous annonçons la Parole de Jésus qui change des coeurs.
Il arrive même aux Chrétiens de s’enorgueillir et parfois on a le désir de rentrer dans un trou de souris quand on entend trop parler de se faire valoriser notre « poids », nos nombres impressionnants, etc.
Le danger est aussi d’être considéré simplement comme un parti politique, les gens s’y opposent alors sans même considérer notre message de Jésus.
Parfois, les gens qui ne comprennent pas les valeurs bibliques croient que nous les haïssons et sont pour cette raison peut-être plus difficiles à atteindre pour le Seigneur Jésus. *Todd T. note : « Le changement social est bon, mais la grâce et l’amour par l’Evangile doivent premièrement être le poinçon de chaque Chrétien. Si l’action politique empêche cela, il ne vaut pas la peine ! La différence est très subtile mais l’éternité est en jeu et nous ne pouvons pas l’oublier. »
Et il arrive que des politiciens se jouent de nous pour avoir nos votes. Et finalement même nos votes n’apportent pas le changement attendu. Aux USA il y avait un président opposé à l’avortement 20 des dernières 35 années mais il y avait de millions d’avortements effectués dans cette période.
Cela n’a pas changé grand-chose.
On se demande si s’investir plus intensément dans l’évangélisation, poussé par le Saint Esprit, n’aurait pas sauvé plus d’enfants : la petite maman, née de nouveau, n’avortera certainement pas de son enfant.
La première vocation de l’Eglise est d’annoncer Jésus. Même si nous changions toutes les lois qui ne sont pas en accord avec la Parole de Dieu, il restera des millions et des millions des gens qui ne connaissent par Jésus et seront perdus éternellement s’ils ne se tournent pas vers le Seigneur.
Changer une loi égale revient à améliorer la vie maintenant, ce qui est déjà bien. Mais voir Jésus changer un coeur fait une différence éternelle chez la personne touchée.
Alors, que faire ? Faisons tout le bien que nous pouvons faire dans le monde de gouvernance mais n’oublions jamais pourquoi nous sommes ici—proclamer l’évangile de Jésus Christ.
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Images: Flickr.com, Steve Jurvetson,