Une nouvelle vie dans une culture de mort
- Écrit par Deann Alford
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L’espoir pour la Colombie demeure dans son champ de mort le plus violent—la prison de Bellavista
Deann Alford
Des milliers de maisons construites en briques rouges, comme la couleur du sang sec, encerclent la ville montagneuse de Medellin. Elles rappellent constamment tous meurtres infâmes.
La mort, disent les Colombiens, est pan diario (notre pain quotidien). Cette culture de mort a donné des milliers d’homicides, ces dernières années, dans la ville de Medellin (par couteau, machette, pistolet, mitraillette, grenade et bombe).
Là où les montagnes de Medellin touchent le fond de la vallée se trouve la prison de Bellavista. C’est une prison où les pires criminels de la Colombie finissent leur vie, mourant dans des vendettas. Il y a 19 ans de cela, la violence régnait sur Bellavista mais, par les efforts persistants des Chrétiens, Bellavista est devenu un centre spirituel où les Colombiens, divisés profondément sur des plans religieux, économiques et politiques, peuvent se réconcilier.
Chaque jeudi, des détenus qui dirigent des petits groupes dans chaque partie de la prison jeûnent, prient et étudient l’Ecriture. Un matin, un groupe de huit s’était réuni dans un bureau pour louer le Seigneur, chantant avec une vidéocassette :
Sana nuestra tierra
("Guéris notre pays")
Escucha hoy mi oración
("Ecoutes ma prière aujourd’hui")
A tí levanto mi clamor
("Je crie vers Toi")
Les yeux fermés, se tenant par la main ou les levant, les prisonniers élevèrent leurs prières pour le salut de la Colombie. Une heure plus tard, les hommes se prosternaient par terre à coté d’une Bible ouverte au centre de la pièce. Ils pleuraient et les sons de leurs sanglots passèrent à travers la porte fermée. « Nous nous repentons. Nous exaltons ton nom. Guéris notre pays. »
La Colombie est un des pays les plus violent du monde et, la ville de Medellin est la ville la plus violente. La prison, Bellavista, est un microcosme de la société : des terroristes, des guérillas, des paramilitaires, des policiers et soldats tordus, des trafiquants de drogues, des criminels et des sicarios (tueurs à gage).
Derrière les hautes murailles de cette prison, les détenus ont, une fois, joué au foot avec une tête humaine qui avait été coupée. Il y avait jusqu’à 60 morts dans un mois.
En janvier 1990, les prisonniers ont fait une émeute et la violence quotidienne a poussé les gardiens à faire grève. Les dirigeants locaux ont demandé que l’armée Colombienne intervienne. Mais quelques jours après, Oscar Osorio, un ancien détenu de Bellavista, devenu aumônier à la prison, a pris une poignée de volontaires chrétiens associés au ministère de Prison Fellowship International pour chanter des cantiques et agiter des drapeaux blancs. Osorio et ses volontaires ont défilé dans la prison, peu sûrs d'eux, et se demandant si leur vie allait être épargnée.
Osorio a trouvé que le système de sonorisation pour la prison marchait toujours alors, l’aumônier a appelé les prisonniers à la repentance. Les autorités de la prison ont été abasourdies quand les détenus ont déposé leurs armes. L’émeute était finie. Mais plus que cela, la tuerie s'arrêta et l’évangile traversa Bellavista comme un feu saint.
Le Seigneur de Bellavista
« La présence de Dieu est dans cette prison » dit Jeannine Brabon, fille d’un missionnaire qui dirige le ministère de Prison Fellowship pour la région de Medellin (qui compte deux millions d’habitants). Moins de dix pour cent des prisonniers sont croyants mais c’est assez de sel et de lumière pour apporter la paix.
Ca veut dire, par exemple, que l’équipe de football des policiers de Bellavista joue contre l’équipe des prisonniers. Des paramilitaires de droit jouent contre une équipe de FARC. Avant le réveil de 1990, les matches se seraient terminés dans un bain de sang.
« Il y a un espoir pour la Colombie » dit Brabon. "Les armées, les armes et la législation du gouvernement ne briseront jamais le pouvoir du mal" dit elle. « Vous ne pouvez pas regarder vers le gouvernement et attendre qu’il fasse ce que seulement Dieu est capable de faire. »
Le détenu rencontre d’abord l’évangile avec une peinture murale de Psaume 27 :10 près de l’entrée de la prison. Les prisonniers se réveillent souvent au son des chants dans des cellules. Les croyants tiennent des réunions d’évangélisation. Chaque chrétien essaie de partager sa foi deux fois chaque jour. Certains week-ends, les prisonniers organisent des campagnes d’évangélisation pour les détenus incroyants et des milliers de visiteurs.
« Les gens ont tendance à juger ceux qui sont en prison » dit Brabon. « Ils ne croient pas qu’ils ont de la valeur mais, aux yeux de Dieu, c'est faux car, à la Croix il y a une égalité. »
Son dieu ? Un fusil
En 1993, l’armée a capturé Fredy Arias (qui avait 21 ans à l’époque) et l’a mis dans une prison du village, dans le coeur de la région d’Antioquia qui est déchirée par la guerre.
Arias était un symbole pour tous les problèmes sociaux de la Colombie. Il avait une colère profonde face à un beau-père abusif. Il vivait dans une famille pauvre et, un cousin l’avait violé plusieurs fois dans une période de deux ans. Il est devenu un enfant de la rue à Apartado, une ville violente dominée par les trafiquants de drogue et quatre groupes armés illégaux. Les guérillas du FARC l’ont accepté quand il avait neuf ans et ils lui ont appris à lire, à écrire ainsi que la doctrine du Marxisme.
Quand il a eu ses 17 ans, ils lui ont donné une mitraillette. La rébellion armée lui donnait l'occasion de déverser la fureur qui était en lui. Les rangs des rebelles colombiens sont composés de garçons adolescents qui deviennent des soldats parce que ces factions armées offrent un salaire, de la puissance et un but. Pour quatre ans, Arias gardait des otages et il luttait contre l’armée colombienne.
Il aimait la cause des rebelles : une société colombienne nouvelle et juste. « Mon fusil était mon seul dieu parce qu’il m’a sauvé la vie, » dit Arias.
Après avoir été capturé, Arias arriva à Bellavista pensant continuer la violence. Mais il s'est souvenu de cette petite fille qui avait vu le meurtre de son père, qu'Arias avait tué pensant qu'il était un espion. Son âme était animée par une contradiction : « Si nous étions supposés être ceux qui faisaient des transformations sociales, pourquoi nous tuons-nous des gens ? La Bible commençait à me parler. Quelle sorte de transformateur étais-je ? Si, je détruisais ce que Dieu avait créé ? Je commençais de pleurer. »
Une nuit, après que quelqu’un lui ait parlé du Christ, Arias s’est agenouillé dans son lit et il implora le pardon de Dieu.
Un détenu qui était dans la prison a vu les changements que Dieu a entrepris pour changer un rebelle grossier et obstiné en un homme totalement engagé pour Jésus. « Fredy avait beaucoup de problèmes mais, Dieu a prit sa main et ne la lâcha pas ».
Relâché à la fin de 1994, Arias a déménagé dans une maison sponsorisée par Prison Fellowship. Comme beaucoup des guerriers colombiens, sa seule compétence professionnelle était de tuer sans état d'âme. Brabon lui a appris le métier de peintre en bâtiment qui l'aida à gagner sa vie.
« Chaque jour, je me demande pourquoi mon pays est comme il est » se dit Arias. « C’est qu'il refuse Dieu. »
Aveuglé et béni
Selon des estimations, 30.000 Colombiens font partie des groupes paramilitaires et des groupes rebelles.
Alex Puerta avait toutes les raisons pour embrasser l’éthique de vengeance. Un sympathisant rebelle a tué son père,et des guérillas ont volé leurs chevaux et leurs vaches, et confisqué la ferme de sa famille à Apartado. Mais Puerta a abandonné sa vie toute à fait à Christ à cause des menaces des rebelles contre lui. Il a repoussé l’invitation des paramilitaires de se venger.
Puis, un voisin armé a menacé Puerta et violenté sa mère. Furieux et tenté de prendre un fusil, Puerta s’est arrêté : « J’ai vu que je pouvais devenir une personne qui allait se venger mais, j'ai choisi de suivre Dieu » il dit. « J’ai réalisé que si je ne les pardonnais pas, je n’étais pas vraiment un chrétien. »
Sa décision a enduré une épreuve de feu juste avant l’aube le 20 septembre 1995. Puerta, alors âgée de 27 ans, était dans un bus rempli de 27 ouvriers agricoles. Des guérillas de FARC ont arrêté l’autobus. Quatre d’entre eux sont entrés dans le bus avec des mitraillettes et ils ont obligé tout le monde à descendre et à les suivre en marchant vers un endroit où 60 guérillas les attendaient.
Puerta pria immédiatement. Ressentant que la mort était proche, il a commencé à chanter le coeur : « Tu es mon seul abri. » Les rebelles ont attaché les mains des ouvriers et les ont obligé à s’allonger face contre terre. « J’ai dit à mes gens de se souvenir de la Parole de Dieu et je leur ai dit de se préparer à entrer dans la présence de Dieu » se souvient-il.
Les guérillas commençaient la tuerie et Puerta réalisa que la plupart des ses ouvriers avaient entendu l’évangile. Les guérillas eux non. Quelques secondes plus tard, une balle vint s'arrêter dans l’arête de son nez, touchant le nerf optique de son oeil gauche. La force de l’impact explosa son oeil droit et une partie de son visage.
Puerta devint aveugle mais il se souvient : « J’ai commencé de crier de tout mon coeur, ‘Christ vous aime !’ » Un coup de pied brisa sa mâchoire, le rendant silencieux. Les guérillas ont tué les autres ouvriers avec des fusils et des machettes. Puerta resta le seul survivant du massacre.
Apres cinq chirurgies de reconstruction, Puerta avait un nouveau visage. Il appelle le massacre « l’accident » « Si vous êtes tout près de Dieu, le pire peut vous arriver et cela ne vous blesse pas » dit-il. « Je ne veux jamais me ressentir comme victime. Dieu est celui qui me guérit. »
Quand les rebelles apprirent qu'il avait survécu ils décidèrent de le rechercher. Des chrétiens cachèrent Puerta durant deux années. Puis doucement, il a commencé à partager son témoignage à Bellavista. Un détenu qui avait participé au massacre a entendu le témoignage et il craignait que Puerta le tue. Mais Puerta lui a envoyé un mot pour lui dire qu’il lui avait pardonné. Plus tard, deux autres prisonniers ont entendu son histoire et ils ont fondu en sanglot, ils étaient les plus importants leaders des guérillas dans Bellavista.
L’histoire de Puerta a permis a un de ces leaders de venir à Christ. Ce leader a déclaré que Puerta était un homme de valeur. Son arrêt de mort a été annulé et Puerta a pu poursuivre son ministère ouvertement.
Puerta a finit ses études au séminaire en 2003.
Avant « l’accident » Puerta luttait avec la question de « pourquoi Dieu permet t-il la souffrance ». « Il y avait un silence profond jusqu’à ce que je comprenne que la chose la plus importante dans la vie est de l’aimer. Il est ma vie. Dieu permet des problèmes mais il nous donne la victoire sur les problèmes si, nous lui faisons confiance.
« Dieu est bon. Dans n’importe quelle circonstance, c’est lui le seul qui compte. »
Brabon attribue le succès de Bellavista et d’autres églises dans des prisons de la Colombie à cette volonté des croyants de couper les liens avec leur passé empoisonné. « Il n’y a pas de puissance sans pureté, et ils sont disposés à payer le prix pour que Dieu agisse » dit-elle.
Medellin est remplie d'hommes qui ont été à Bellavista et qui travaillent maintenant dans des programmes de réhabilitation, des ministères contre la drogue et dans des églises. Pour les croyants de Bellavista, l’engagement à la Croix est très sérieux. Ils sont disposés à payer le prix de l'obéissance, même jusqu'à la mort. Au moins un croyant a été martyrisé pour sa foi dans les années 1990.
Le profond espoir des évangélistes/détenus est que le réveil qui a eu lieu dans leur prison montre le chemin à la réconciliation et amène leur nation vers la paix. « Humainement parlant, il n’y a pas de solution » (au bourbier de Colombie), dit Richard Luna, dirigeant de Portes Ouvertes en Amérique Latine.
Rivera dit : « La seule chose qui peut changer cela c'est le miracle de Dieu. »
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